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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 21:28

ACTE III

 

Scène I

 

La lumière revient. Seuls les deux personnages sont éclairés par la lampe verte du bureau. Dehors il neige. La pendule de l’église marque, enveloppée de gros flocons, 1 h 15 du matin et celle du tribunal au dessus de la porte 0 h 15. Le Juge et Marie, toujours assis à la même place, semblent fatigués : teint blafard mais l’un comme l’autre n’ont pas relâché leur position sur les chaises. On dirait deux joueurs d’échecs concentrés sur leur échiquier.

 

Le Juge : Si je comprends bien, vous vivez depuis 8 ans avec la famille Hart mais vous êtes dans l’incapacité de me dire si la mère des enfants, Florence Hart, était ou non, selon vous, une bonne mère…

 

Marie baisse la tête et ne réponds pas

 

Le Juge : (élevant un peu la voix) C’est bien cela, Marie ?

 

Marie : (le regardant) C’est cela Monsieur Le Juge… Mais ne criez pas, s’il vous plait… ou alors dites moi ce que c’est, selon vous… une bonne mère…

 

Le Juge: (reprenant une voix normale) Excusez moi (un temps) Une bonne mère je ne sais pas moi, c’est une mère aimante... Avait-elle des gestes de tendresse?... Les embrassait-elle?... Vous voyez ce que je veux dire ?

 

Marie: Non, vraiment, je ne vois pas... je ne sais pas...

 

Le Juge : (levant à nouveau, un peu le ton) Vous viviez avec cette famille depuis l’âge de 13 ans…Vous mangiez à leur table, vous dormiez chez eux, vous partiez en vacances avec eux mais vous êtes incapable de dire si, oui ou non, cette mère était une mère aimante !... une mère normale quoi...

 

Silence

 

Marie: Non… Désolée, je ne sais pas ce que c'est : une mère normale...

 

Le Juge (soupirant) : Cette fois encore, je pense que je dois me contenter de cette réponse ? (Un temps) Et le père ?

 

Marie (relevant la tête) : lui, c’était différent : il les adorait

 

Silence

 

Le Juge: quelles étaient vos relations avec Florence Hart?

 

Elle ne répond pas

 

Le Juge: Se comportait elle plutôt en «patronne» ou en «amie» avec vous?

 

Silence

 

Le Juge (levant la voix): Mais enfin... C'est pourtant simple: répondez-moi... Comment était-elle, comment se comportait elle avec vous?

 

Marie: S'il vous plaît, ne criez pas (silence) Elle était... normale

 

Le Juge: (long silence) C'est moi qui vous le demande à présent: c'est quoi pour vous «normale»?

 

Silence ; Marie ne réponds pas

 

Le Juge: Et vous?

 

Marie: moi?

 

Le Juge: Oui, vous... Comment étiez-vous avec elle ? Surtout ne me dites pas «normale»

 

Silence

 

Marie: Que puis-je dire d'autre?

 

Pour la première fois, Le Juge se montre excédé. Il frappe ses 2 mains sur le bord de sa table et se lève. Il va jusqu'à la fenêtre. Silence. Il se retourne

 

Le Juge: Vous ne m'aidez pas beaucoup.

 

Marie: (le regardant bien en face) Vous non plus, Monsieur Le Juge, vous non plus, vous ne m'aidez pas beaucoup...

 

Le Juge: Il est presque 1 heure 30 du matin et nous n’avons, pour ainsi dire, pas avancé…

 

Silence

 

Marie : Je suis désolé, Monsieur Le Juge…

 

Pour la première fois, elle montre un signe de faiblesse : son dos touche le dossier de sa chaise et elle porte sa main à ses yeux.

 

Le Juge (en se penchant vers elle par-dessus la table) Mon dieu, vous êtes fatiguée ?

 

Marie fait « oui »  avec la tête sans répondre, la main toujours sur ses yeux

 

Le Juge : Voulez vous que nous nous arrêtions, que nous fassions une pause avant de poursuivre ?

 

Marie (se redressant) : Non, Monsieur Le Juge : continuons. Il faut en finir mais je vous le demande : Ne criez plus. Je ne supporte pas les cris…

 

Long silence

 

Le Juge (à voix très calme et posée) Voila ce que je vous propose : Je vais résumer tout ce que nous nous sommes dit depuis le début de la soirée… Si vous voulez ajouter ou rectifier quelque chose, vous m’arrêterez : d’accord ? Voulez vous un café avant que je ne débute ?

 

Marie fait « non » avec la tête

 

Le Juge : Bon je commence alors. Je passe sur votre état civil. Vous aviez 21 ans au moment des faits. Vous êtes étudiante en Sorbonne où vous étudiez le grec ancien. Vous êtes en 5ème année et vous préparez une thèse de doctorat… (Un temps) Quel sujet avez vous choisi ?

 

Marie : C’est si loin tout cela (un temps) « Antigone : entre raison d’Etat et Révolte ».

 

Le Juge : Antigone… quel beau mythe, si présent et encore d’actualité… (Un temps) J’ai joué son oncle Créon étant jeune… au lycée… dans la pièce d’Anouilh… (Un temps) Vous vous destinez à l’enseignement ?

 

Marie : je m’y destinais, oui…

 

Le Juge : (relevant la tête de son dossier) Je vois que vous avez eu votre bac à 16 ans et que, tout au long de votre cursus universitaire, vous avez eu d’excellents résultats…Tous vos professeurs ne tarissent pas d’éloges.

 

Il guette une approbation de Marie qui hoche simplement la tête. Se replongeant dans le dossier, il poursuit

 

Le Juge : Au moment des faits, vous étiez toujours domiciliée chez vos parents et vous demeuriez rue de la Pompe, n°321, dans le 16ème arrondissement de Paris, au 3ème étage d’un immeuble où tous vos voisins s’accordent à reconnaître votre politesse et votre gentillesse. Pour gagner un peu d’argent de poche, vous étiez employée comme baby Sitter des 2 enfants de monsieur et madame HART. Cette famille demeurait sur le même palier que vos parents. (Un temps ; il consulte ses notes) Les « Hart » étaient des gens très aisés, en apparence sans histoire. Allan.J.Hart, le père, âgé de 43 ans, né à Reading dans le Massachusetts, possédait la double nationalité, américaine par son père et… française par sa mère. Décorateur d’intérieur, il travaillait pour une importante clientèle demeurant essentiellement dans les 7 ème, 8ème et 16ème arrondissements de Paris, clientèle qui comptait notamment un ambassadeur et deux ou trois ministres et députés. Il était également très demandé sur la cote d’azur et même à l’étranger, au Moyen-Orient…à Abu-Dhabi ou à Dubaï par exemple. (Un temps). Son épouse, Florence, 40 ans, de nationalité anglaise, était mère au foyer. C’était une femme très effacée sur laquelle les enquêteurs n’ont rien trouvé de particulier à dire (un temps) Vous partagez cet avis, Marie ?

 

Marie (relevant la tête) Sur quoi Monsieur Le Juge ?

 

Le Juge : Sur la personnalité de Florence Hart

 

Marie : Je n’ai aucun commentaire à faire à ce sujet.

 

Le Juge : Je continue. Les deux enfants, des jumeaux, Feres et Mermes… (Un temps) Tiens, quels drôles de prénoms, vous ne trouvez pas ?

 

Marie hausse les épaules.

 

Le Juge : Certainement d’origine étrangère (Un temps. Il consulte ses notes) La mère étant anglaise, ceci explique sûrement cela… (Un temps. Lui aussi hausse les épaules et reprend) Les enfants avaient 8 ans au moment des faits… ils étaient scolarisés à l’école privé du sacré cœur, une école catholique proche du courant intégriste. (Un temps) Rien d’autre à dire sur cette famille, Marie ?

 

Marie : Rien, Monsieur Le Juge.

 

Le Juge (regardant Marie) : Dans le dossier, il est écrit que vous avez débuté très jeune la garde des jumeaux Hart. (Un temps)Très jeune, cela ne veut rien dire…Vous ne vous rappelez plus l’âge exact que vous aviez lorsque vous avez débuté ce petit job ?

 

Marie : Non, je suis désolé, Monsieur Le Juge, pas exactement…

 

Le Juge : Bon… Nous verrons après que vous prenez pour avéré qu’à 13 ans vous étiez déjà employée par le couple Hart…

 

Marie hoche la tête

 

Le Juge : Ce qui est certain, par contre, c’est que vous passiez énormément de temps dans cette famille. Elle vous emmenait partout. Vous partiez systématiquement en vacances avec eux. Au fil des interrogatoires, il est apparu que vous passiez plus de temps chez eux que chez vos parents, une chambre d’ami vous ayant même été dévolue depuis au moins 6 ou 7 ans à l’époque des faits… C’est exact ?

 

Marie hoche à nouveau la tête

 

Le Juge : C’est une conception du « baby seatting » très étendue… On pourrait presque la requalifier de « place au pair », vous ne croyez pas ?

 

Marie : Peut être… Oui… en quelque sorte… Mais là aussi : quelle importance ?

 

Le Juge : je vous l’ai déjà dit, Marie, tout est important dans une histoire comme la votre… (Un temps) Je continue. Les mauvaises relations qui existaient entre vous et vos parents expliquent pourquoi la famille Hart vous hébergeait à temps quasiment complet.

 

Marie : Pardon, Monsieur Le Juge… Pas « entre moi et mes parents » mais « entre moi et mon père »… je vous demande de rectifier cela dans votre dossier

 

Le Juge : (Relisant son dossier) C’est exact. Pardonnez-moi. (Il biffe une phrase de son stylo tout en continuant) En effet, vous n’admettiez pas, je vous cite, les infidélités de votre père vis-à-vis de votre mère, notoirement dépressive. Elle faisait de très nombreux séjours en hôpital psychiatrique. J’en vois jusqu’à 8 par an dans les dix dernières années de sa vie. (Un temps) Elle s’est suicidée voila 6 mois. (Un temps) En outre, votre père était sujet à de très violentes crises de violence, notamment lorsqu’il était sous l’emprise de l’alcool. Il y a, dans le dossier, de très nombreuses mains courantes déposées par vos voisins. Elles vont toutes dans le même sens. Pourtant, les services sociaux du collège puis du lycée que vous avez fréquenté, n’ont jamais été officiellement saisis de cette situation. Une assistante sociale, aujourd’hui à la retraite, interrogée par les enquêteurs, a déclaré que, je la cite, « c’était un secret de polichinelle » Tout le monde était au courant mais votre père étant depuis 20 ans, secrétaire général d’un ministère, il fallait à tout prix éviter un scandale… c’est bien cela ?

 

Marie hoche la tête.

 

Le Juge : (Poursuivant) Dans la mesure où la famille Hart jouissait d’une très bonne réputation et que vous ne sembliez pas perturbée outre mesure par cette situation, vos résultats scolaires restant, par ailleurs, excellents, les services sociaux n’ont pas cru devoir intervenir. Toujours d’accord, Marie ?

 

Marie hoche à nouveau la tête

 

Le Juge : Je continue. Le premier incident grave remonte au 28 juillet 2009. Vous vous présentez vers 3 heures du matin au commissariat du 8ème arrondissement de Paris (il s’interrompt étonné) Tiens : pourquoi le 8ème et non le 16ème qui est à 2 pas de chez vous ?

 

Marie : Mon père est connu de tous les agents du commissariat du 16ème. On l’aurait immédiatement prévenu.

 

Le Juge : Bon… (Il poursuit) Vous déclarez à la fonctionnaire de garde cette nuit là que Monsieur Hart, Allan Hart, venait de tenter de vous violer. Dans son rapport, cette fonctionnaire fait état d’un état d’extrême agitation nerveuse. Elle pense même que vous êtes sous l’emprise de boissons alcoolisées voire même de substances stupéfiantes ou hallucinogènes. Elle note que vous présentez des marques d’excoriation sur vos bras et sur vos mains. Par ailleurs, votre joue gauche porte la trace nette et déjà violacée d’un coup de poing récent. Elle vous fait immédiatement transférer à l’Hôtel Dieu où les examens médicaux d’usage en cas de suspicion de violences à caractères sexuels sont immédiatement effectués.

 

Il sort une feuille du dossier

 

Le Juge : J’ai le rapport médical rédigé par l’interne de garde. Lui aussi note votre état de nervosité, de stress paroxique, les traces de coups déjà relevés par la fonctionnaire de police et d’autres sur l’intérieur de vos cuisses, sur votre ventre et sur vos reins. A l’inverse, il ne décèle aucune trace de violences ou de rapport sexuel, consenti ou non, dans les heures qui ont précédées. Rien à ajouter, Marie ?

 

Marie : Rien, Monsieur Le Juge.

 

Le Juge (la regarde longuement puis poursuit) Ramenée au commissariat, la fonctionnaire qui a, entre temps, prévenu le commissaire, reprend votre interrogatoire. Elle indique dans son rapport que l’absence de constat de médecine légale ne permet pas d’écarter l’hypothèse de violences à caractère sexuel qui auraient pu être débutées mais non menées à terme… (Un temps) Elle écrit bien cette fonctionnaire… elle connaît bien son travail… (Il poursuit) Mais à 7 heures 25 du matin, en présence du commissaire arrivé sur les lieux et d’une avocate, vous reconnaissez avoir menti : M. Hart n’a jamais tenté d’abuser de vous. Le commissaire étant un homme sage, connaissant vraisemblablement les fonctions de votre père, ordonne votre libération immédiate et vous fait ramener au pied de votre immeuble. L’histoire est classée sans suite…

 

Long silence

 

Le Juge : Vous n’avez rien à ajouter.

 

Marie : Sur ?

 

Le Juge : Sur cet… épisode ?

 

Marie : Rien Monsieur Le Juge. J’ai déjà tout dit…

 

Le Juge : Oui mais ce n’est guère convainquant…Interrogé par mes soins, vous m’avez déclaré en substance que vous étiez jeune alors, que vous aviez certainement bu sans pouvoir me dire ou, quand, quoi et avec qui et que vous vouliez vous faire remarquer…

 

Marie : Tout cela est vrai, Monsieur Le Juge…

 

Le Juge : Mais pourtant, depuis, vous avez porté plainte contre Allan Hart… encore pour viol… Plainte qui, je vous le rappelle, a entraîné son emprisonnement et qui est, très certainement, la cause directe de son suicide… Vous allez à nouveau vous rétracter ? Je vous préviens : Vous allez droit vers l’outrage à magistrat à jouer à ce petit jeu…

 

Marie… Tout cela est vrai, Monsieur Le Juge : ce jour là, il n’y a pas eu viol…

 

Le Juge : Que s’est il passé alors, ce jour là ?

 

Marie : Un viol, c’est lorsque l’un des deux n’est pas d’accord, non ?

 

Le Juge : (silence) C’est une définition possible. Ce n’est pas la seule. (Un temps) Je pense que je dois, une fois de plus, me contenter de cette… explication ?

 

Marie hoche la tête

 

Le Juge : Je reviendrai sur cette question de « viol » plus tard… (Silence) Je continue. Environ 9 mois plus tard, le 28 mars 2010 à, exactement, 3 H 58 du matin, le commissariat du 16ème arrondissement reçoit un appel de Allan Hart, affolé. Il vient de découvrir ses 2 enfants, égorgés dans leur lit et son épouse dans la baignoire d’une des salles de bain de l’appartement, exsangue, les veines et les artères des deux poignets sectionnées. La police arrive sur les lieux à 4 H 06 ; elle est rejointe par la criminelle à 4 h 17, par le médecin légiste à 4 h 25et enfin, par le parquet à 4 h 40 (un temps) C’est un record (un temps). Les constatations du commissaire Santos, agissant sous l’autorité du Substitut Cornavin dépêché sur place par le procureur, sont dignes d’un film gore. Les deux enfants ont en effet la gorge tranchée. La tête est presque séparée du tronc, par une arme blanche à la lame très fine. Cette arme ne sera jamais retrouvée. L’épouse de Monsieur Hart a été assassinée dans sa baignoire à l’aide d’un rasoir de type « coupe chou », assassinat et non pas suicide car l’arme du crime n’a également pas été retrouvée. Plus tard, les analyses du légiste montreront que madame Hart, au moment de sa mort, était plongé dans le coma provoqué par l’ingestion d’un très puissant barbiturique mélangé à de la vodka, ingestion qui remonterait environ 3 heures 30 avant le décès. Il est probable que cette femme ne se serait de toutes les façons jamais réveillée de ce coma médicamenteux. Là aussi, le tube du produit utilisé, la bouteille de vodka et le verre probablement utilisé n’ont pas été retrouvé dans l’appartement. Enfin, les heures des décès respectifs montrent qu’Alice Hart n’est pas l’assassin de ses enfants. Leur mort étant intervenue d’après le légiste entre 2 heures et 3 heures du matin, mais en tout état de cause à une heure où madame Hart était déjà dans le coma. Sa mort, directement provoqué par l’hémorragie est intervenue en même temps que celles des enfants. Cette coïncidence laisse à penser que c’est le même assassin qui a tué les enfants puis la mère… Toutefois, il n’est pas possible de préciser qui des enfants ou de la mère a cessé de vivre en premier (un temps. pensif) Le même assassin mais pas la même arme… (Silence) Toujours rien à dire Marie ?

 

Marie : Toujours, Monsieur Le Juge.

 

Le Juge : Bien… (Un temps) A l’arrivée de la police, contrairement à Allan Hart, le père, qui va du cadavre de sa femme à celui de ses enfants en hurlant, en proie à une agitation extrême, vous êtes, quant à vous,  assise sur le parquet de la chambre des enfants, prostrée, entièrement nue et couverte de sang des pieds à la tête. (Un temps) Les analyses montreront que ce sang est celui des enfants, de leur mère et… le vôtre également… Vous portez au pouce gauche… (Un temps il relève la tête) Vous êtes gauchère, Marie ?

 

Elle fait « oui »  de la tête

 

Le Juge : Vous portez au pouce gauche, une coupure très profonde, une coupure qui aurait pu être provoquée par un rasoir de type « coupe choux »… (Un temps) Vous êtes incapable de prononcer la moindre parole intelligible, en état de choc quasiment cataleptique. Vous êtes conduite immédiatement, sous surveillance policière, à la Salpêtrière où vous resterez trois semaines avant de pouvoir être interrogée. (Un temps) C’est bien cela, Marie ?

 

Marie : C’est ce que la police puis le juge, longtemps après, m’ont appris… pour ce qui me concerne, je ne me souviens de rien entre le moment où vers 2 h 30, je me suis endormie dans ma chambre et le lendemain vers 15 heures quand j’ai repris connaissance à l’hôpital.

 

Le Juge : Lorsque la police vous a emmené, la seule phrase que vous auriez prononcée ce soir là serait « pourquoi a-t-il fait cela ? » un autre policier a lui, compris « pourquoi a-t-elle fait cela ? »

 

Un temps. Il la regarde

 

Le Juge : A qui faisiez-vous allusion, Marie ? A un homme ? A une femme ?

 

Marie : Désolé, je ne sais pas, Monsieur Le Juge.

 

Silence

 

Le Juge : Lorsque la police est arrivée, vous étiez nue, entièrement nue. En dépit de la perquisition immédiatement effectuée dans l’appartement par le substitut Cornavin, les vêtements que vous portiez cette nuit là, une robe verte à parements mauves notamment, n’ont pu être retrouvée. (Un temps) Pouvez-vous me confirmer que cette nuit là, vous portiez effectivement cette robe

 

Marie : Oui, Monsieur Le Juge. Je vous le confirme.

 

Le Juge : Lorsqu’à 2 h 30 du matin vous vous êtes couchée, ou avez-vous posé cette robe ?

 

Marie : Sur une chaise près de mon lit où je plie toujours mes affaires avant de dormir.

 

Le Juge : Excusez moi mais… vos sous vêtements également ?

 

Marie : Oui Monsieur Le Juge, tous les vêtements que j ai porté dans la journée, sans exception… Je ne les mets (elle se reprend) Je ne les mettais dans le coffre à linge de la buanderie que le lendemain matin pour faire moins de bruit, à cause des enfants,

 

Le Juge : Pouvez vous expliquer pourquoi la police, sous la direction du substitut Cornavin,  n’a pas retrouvé vos vêtements… ni dans votre chambre, ni dans la buanderie, ni dans aucune pièce de l’appartement

 

Marie : Je ne l’explique pas Monsieur Le Juge. Ce n’est pas mon rôle d’expliquer…

 

Le Juge : Je sais, Marie, je sais… Toutefois, vous pourriez avoir une idée à ce sujet…

 

Silence

 

Le Juge : (Reprenant) De la même façon, pensez vous que ce soit la même personne qui ai fait également disparaître le couteau, le rasoir, le tube de médicaments, la bouteille de vodka?

 

Marie : Désolé, Monsieur Le Juge, je ne le sais pas.

 

Silence

 

Le Juge (soupirant) : Bien…

 

Silence. La neige tombe toujours.

 

FIN DE LA SCENE I

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