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19 décembre 2008 5 19 /12 /décembre /2008 23:03

A TOUS LES ENFANTS ET A CEUX QUI ONT SU LE RESTER... CE CONTE DE NOEL

C'était un hiver atrocement froid. La forêt était recouverte d'une épaisse couche de glace bleue et figée. Les arbres tendaient leurs pauvres branches éclatées vers les nuages pleins de neige. Nulle vie dehors. Les loups terrés entre les rochers avaient trop froid pour hurler. Même le ciel restait vide. Les grands rapaces crevaient de faim dans la montagne. Seul, le vent courait sur ce royaume blanc et désolé. 

 

La nuit était tombée depuis longtemps. Pourtant, de la lumière brillait encore dans l'arbre creux. Papa et maman Ecureuil étaient penchés sur le berceau de bébé. Bébé Ecureuil dormait, malade depuis ce matin. Sa fièvre était si forte que son petit nez était tout rouge. Des frissons couraient sur sa fourrure blanche. Oui, vraiment, bébé était très malade. Sa maman avait une grosse envie de pleurer. Que faire? Que faire au fin fond de cette énorme forêt gelée? Un feu de coquilles de noix n'arrivait pas à réchauffer la petite maison. Papa Ecureuil cherchait, cherchait dans sa petite tête comment sauver bébé; car bébé allait mourir, c'était certain. Bébé avait trop de fièvre et pas de médicament.

 

C'était bête, affreusement bête, mais la grande forêt n'acceptait ni la maladie, ni la pitié. Bien sur, il y avait bien Monsieur Hibou, le Docteur. Mais il habitait si loin et avec le vent qui depuis ce matin soulevait d'énormes tourbillons de neige, Papa Ecureuil aurait été gelé à mort avant d'avoir fait trois pas dehors. Quel maudit vent! Si seulement il pouvait tomber...Cent fois, mille fois peut-être, Ecureuil s'était répété cela... Et, brusquement un grand silence se fit sur la forêt. La tempête s'éloignait, loin, vers le sud et le ciel se dégagea d'un coup. Les étoiles se mirent à briller dans le froid glacial.

 

Vite ! Il fallait profiter de la trêve, ramener Monsieur Hibou! Maman Ecureuil eut beau protester, parler des loups, de la nuit... C'était la seule solution, la dernière chance de bébé. Alors, papa Ecureuil mit son écharpe jaune, lissa sa belle queue, embrassa son fils et sa femme et... hop! Le voila parti!

 

Tout de suite, le froid et l'obscurité lui sautèrent au visage. C'était une nuit époustouflante, une nuit énorme et épaisse sur laquelle les étoiles étaient venues se brocher... Papa Ecureuil laissa sa peur derrière lui et se mit à courir.

 

Monsieur Hibou habitait à coté des sources de cristal bleu. Papa Ecureuil devrait longer la caverne aux ours. Heureusement, les ours dorment en hiver. Non, le vrai danger, c'était les loups, c'était le froid, la neige qui, doucement, se remettait à tomber, le vent qui se relevait au nord. Un instant, il eut peur; puis il pensa à sa femme si jeune, si belle, si triste et à son bébé si malade. Alors, il se mit à courir encore plus vite, encore plus fort. C’est en regardant vers le ciel et surtout en voyant l'étoile si brillante, l'étoile du Nord des hommes que brusquement, il se souvint...

 

C'était une nuit exceptionnelle que cette nuit-là. C'était la nuit de Noël! Peut-être que si le Bon Dieu... Mais non, cela ne marche que pour les hommes. Un petit Ecureuil, lui, n'a qu'a courir aussi vite qu'il le peut.

 

Il eut beaucoup de mal à réveiller Monsieur Hibou. Monsieur Hibou était un vieux garçon, un horrible vieux grognon, tout gris, tout poussiéreux et un peu égoïste.

 

"C'est vrai à la fin, les gens sont formidables: ils se marient, ils ont des enfants et ils vont s'installer au diable. Quelle idée aussi d'habiter si loin! Et les loups? Ecureuil a-t-il pensé aux loups?"

Enfin, tout en bougonnant, Hibou s'habilla, prit sa trousse et se mit en route avec Papa Ecureuil.

 

Docteur Hibou était vieux, râleur et poussiéreux mais il aimait son métier. Lorsqu’Ecureuil lui décrivit l'état de bébé, il comprit que c'était grave, très grave. Il se mit à crier après son compagnon: "mais enfin quoi, saperlipopette, pourquoi êtes-vous venu si tard? Pourquoi avoir tant attendu? Et puis, que diable, pourquoi courez-vous si lentement?"

 

En arrivant à l'arbre creux, Docteur Hibou alla directement au lit de bébé. Il ausculta longtemps le petit malade, palpa la fourrure toute blanche et trempée de sueur. Il regarda le thermomètre et écouta fa respiration courte et sifflante de bébé. Hibou fit la grimace en bougonnant. Il entraîna papa Ecureuil dans le fond de la pièce. C'était trop tard. La fièvre était beaucoup trop forte. Il ne pouvait rien faire. Bébé allait sûrement mourir dans la nuit. Bien sûr, s'il avait pu l'emmener à l'hôpital... mais, l'hôpital était trop loin, à trois jours de marche au moins... sans compter la tempête qui allait se déchaîner à nouveau, avant le matin.

 

Le silence était retombé dans l'arbre creux. Maman Ecureuil avait compris. Elle pleurait doucement. Monsieur Hibou, impuissant, était tout de même resté. A chaque instant, il venait prendre le pouls de bébé puis, se remettait à tourner en rond. Papa Ecureuil regardait dehors... regardait l'étoile, la belle étoile. Oui, Ecureuil avait raison. Il n'y avait que pour les hommes que c'était Noël. Un Ecureuil, ce n'est bon qu'à pleurer... oui... à pleurer. Et la nuit, doucement, avançait. Et la vie, doucement, quittait la petite poitrine de bébé.

 

Ce ne fut d'abord qu'un ronronnement, une vibration......une pâle lueur, lointaine dans le ciel du nord.

 

Ce fut Docteur Hibou qui, le premier, réagit.

 

- Ecoutez!

 

Cela devenait de plus en plus fort. Un bruit... un bruit d'homme... un bruit de machine volante...Un moteur, un moteur d'hélicoptère qui approchait, qui approchait.

 

Il apparut, bientôt, dans le ciel, cahotant, crachotant. C'était un vieil hélicoptère bleu qui, rasant la cime des arbres, vint se poser juste devant l'arbre creux, le secouant d'une gifle de vent.

 

Un bonhomme tout en rouge, des paquets plein les bras, en descendit: le Père Noël! C’était le Père Noël qui commençait sa tournée par la grande forêt, par la maison de bébé Ecureuil.

 

Très vite, Papa Noël comprit la situation. Il n'y avait pas à hésiter. Tant pis pour sa tournée! Il enveloppa bébé dans une couverture toute blanche et le mit dans un petit lit de poupée sur le siège avant de l'hélicoptère. Il fit un peu de place à l'arrière pour papa et maman Ecureuil et pour Docteur Hibou. Vite, en route pour l'hôpital!

 

Le médecin de garde dut se pincer plusieurs fois afin d'être bien sûr qu'il ne rêvait pas. Le pauvre! Ce n'est pas toutes les nuits qu'on reçoit aux urgences une famille écureuil, un médecin hibou et le Père Noël en chair et en os. Mais très vite, le métier reprit le dessus. Déjà, il auscultait bébé en écoutant Père Noël qui traduisait, mot à mot, le diagnostic de Docteur Hibou. L'interne posa deux ou trois questions. A chaque réponse, il fronçait un peu plus les sourcils. Il réfléchit quelques secondes. Il fallait réveiller le chirurgien. Lui seul pourrait faire quelque chose. Mais, s'il dérangeait le professeur pour un écureuil, on allait le prendre pour un fou! Tant pis, il verrait bien. De toute façon, c'était la seule solution... Alors!

 

Tout d'abord, le chirurgien se mit en colère:

 

-Le Père Noël? Un Ecureuil? Un docteur hibou? Mais vous êtes fou, mon ami, vous avez trop bu?

 

Et puis, devant l'air si malheureux du jeune interne, il mit ses chaussons, enleva son bonnet de nuit et se dirigea vers la salle des urgences... Lui aussi aimait son métier et les petits Ecureuils! Il examina bébé en promenant ses larges mains sur le ventre et l'estomac du petit malade. Il posa, lui aussi, à Docteur Hibou une ou deux questions que le père Noël traduisait. Bon! Il ne fallait pas perdre une seconde. L'opération chirurgicale était urgente. Il fit réveiller deux infirmières et alla se préparer. Avant de s'éloigner, il demanda au Père Noël de dire à la jeune maman qu'il ferait son possible, tout son possible. 

 

Docteur Hibou était resté avec l'interne dans la salle des urgences. Ils ne parlaient pas la même langue mais ils s'estimaient, et donc, ils se comprenaient. Papa Ecureuil, maman Ecureuil et le Père Noël s'étaient réfugiés dans la salle d'attente. La jeune maman était épuisée. Elle s'était assise sur le bord d'un vieux canapé vert et bondissait à chaque bruit dans le couloir. Père Noël tournait en rond, fumant pipe sur pipe. Papa Ecureuil, lui, regardait par la fenêtre, la belle étoile si brillante. Il avait eu tort: Noël, ça marche aussi, ça marche surtout pour les petits Ecureuils... et peut-être même que ça marche pour tout le monde.

 

Très longtemps après, le chirurgien, épuisé, poussa la porte de la salle d'attente. Père Noël n'avait plus de tabac. Papa Ecureuil avait vu plein de belles choses dans le ciel et maman Ecureuil se précipita. Bébé Ecureuil s'en tirerait. Cela avait été très dur mais... il était sauvé.

 

On trouva un bel arbre creux pour papa et maman Ecureuil dans le parc de l'hôpital. Monsieur Hibou devait repartir le plus vite possible pour voir ses malades. Quant à Père Noël, il courut vers son vieil hélicoptère bleu.

 

Ce matin là, les petits enfants furent très tristes devant leurs souliers vides. Puis, très vite, la nouvelle se répandit aux quatre coins de la terre par la radio et la télévision. Pour la première fois le Père Noël était en retard. Il serait en Europe vers midi, en Afrique à trois heures, en Amérique vers huit heures...Et en Australie que tard, très tard dans la soirée du 25 Décembre. Mais lorsque tous les enfants du monde ont su pourquoi Papa Noël était si en retard, aucun n'a pu lui en vouloir... et chacun voulut écrire, voulut téléphoner à l'hôpital pour avoir des nouvelles de bébé Ecureuil.

 

Il était presque deux heures du matin, le 26 décembre, lorsque Papa Noël s'arrêta, très fatigué, dans un drugstore pour boire un café et s'acheter, enfin, du tabac avant de rentrer chez lui.

 

Pauvre Papa Noël, ses yeux se fermaient presque tout seuls. Mais il eut un bon et gros sourire lorsque le speaker annonça au dernier journal de la télé canadienne que bébé Ecureuil allait très bien et jouait sans arrêt avec le hochet que le Père Noël lui avait amené.

J.F. © 1985 / LAST IROKOI © 2008 in « Histoires de la vie de tous les jours "



 

JOYEUX NOEL A TOUS ...








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commentaires

K
Merci pour ce plein de positivisme ! J'espère qu'il s'éparpillera un peu partout autour de moi et de la planète !
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L
<br /> Bonsoir kelidoma,<br /> <br /> Tu as naturellemnt le don d'emettre des ondes positives vers ton entourage et ce que tu écris dans ton blog  est toujours positif, rassurant et plein de punch...<br /> <br /> Très bon week end<br /> <br /> A +<br /> <br /> L.IRO<br /> <br /> <br /> <br />
K
Merci pour cette jolie histoirePleine d'espoir...J'espère que le Noel fût joyeux chez toiLas Irokoi !Merci pour cette image enneigéeMême si j'aurais bien aimé voir plutôt un tippi fumerSur fond de ciel étoilé...Bonne année à toi et les tiens,@ bientôt !Keli
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L
<br /> bonsoir Kelidoma,<br /> <br /> Non l'image ne vient pas du far west mais du far east... envoyée par une amie slovaque.<br /> <br /> J'ai trouvé cette image très belle et j ai souhaité la partager avec plein de gens.<br /> <br /> J espere que le pere noel a été tres gentil avec tous ceux que tu aimes.<br /> <br /> Je te souhaite à toi et aux tiens une  tres bonne année 2009, plein de bonheur, de sérénité, de livres et de musiques ... et de pages toujours bourrées de poesie et d'imaginaire sur ton<br /> blog...<br /> <br /> Last Irokoi<br /> <br /> <br />
C
Bonne fête à toi aussi.Seul regard l'enfant d'hier porte t il sur le lastirokoi d'aujourd'hui ?
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L
<br /> Pas sympa de m'obliger à reflechir et philosopher un lendemain de fetes.... je vous dis pas la migraine...<br /> <br /> Voyons voir...<br /> <br /> Si je m'en tire par une pirouette je dirai le même que celui que L.I. porte sur l'enfant qu'il a été: l'étonnement...<br /> <br /> Plus sérieusement je crois que c'est le même que celui que mes gamins portent sur moi car bien sur je mette ici un masque: last irokoi n'est pas dans la vie de tous les jours un indien un peu baba<br /> cool, plutot le genre severe, rigoureux... pas marrant quoi...<br /> <br /> Difficile votre question: il faudra que j'en fasse une histoire...<br /> <br /> Cela dit, ce qui me pose le plus de problèmes, c'est de savoir si nous sommes les mêmes, fondamentalement, à 20, 40, 60 ou 80 ans... je me suis posé cette question il y a quelques années lorsque le<br /> grand pere de ma femme est dcd et que le curé a entreprit de decrire, de dire en quelques mots qui était ce vieux monsieur... peut on dire qui a  été quelqu'un? dans la permanence je veux<br /> dire: pas simple... et résumer quelqu'un, c' est nier son pouvoir d'amélioration, d'évolution non?<br /> <br /> je te souhaite une bonne soirée<br /> <br /> LAST IROKOI<br /> <br /> <br />
J
Joli conte de Noël.Je te souhaite de bonnes fêtes !
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L
<br /> MERCI<br /> <br /> A TOI AUSSI BON ET  JOYEUX NOEL PLEIN DE LUMIERE ET DE SERENITE ET... D ECRITURE<br /> <br /> ET MERCI AUSI D4ANIMER UNE COMMUNAUTE AUSI SYMPATHIQUE<br /> <br /> TRES BONNE SOIREE<br /> <br /> LAST IROKOI<br /> <br /> <br />
D
Salut Last Iro'Sorry pas le temps de lire ta note, Mais le ferai une autre fois.Ca m'intéresse.Passage vite pour te souhaiter de Bonnes Fêtes.Bonsoir à toi.Dom
Répondre
L
<br /> Pas grave...<br /> <br /> <br /> en tout cas je te souhaite à mon tour un très bon noel et de très bonnes fetes<br /> <br /> A +<br /> <br /> L.IROKOI<br /> <br /> <br />