POZZO (soudain furieux).- Vous n’avez pas fini de m’empoisonner avec vos histoire de temps ? C’est insensé ! Quand ! Quand ! Un jour, ça ne vous suffit pas, un jour pareil aux autres, il est devenu muet, un jour, je suis devenu aveugle, un jour nous deviendrons sourd, un jour nous sommes nés, un jour, nous mourrons, le même jour, le même instant, ça ne vous suffit pas ? (Plus posément) Elles accouchent à cheval sur une tombe, le jour brille un instant, puis c’est la nuit à nouveau. (Il tire sur la corde.) En avant !
(En attendant Godot – S.Beckett)
Cette réplique est tirée de l’acte 2…elle est fascinante, on a des frissons en la (re)lisant car il y a tout dedans… il y a notre vie, notre mort et l’univers autour… et cela est encore renforcée par la façon dont la phrase est construite. Il n y a pas de point, pas de succession de phrases entre les différentes idées… mais des virgules qui font que la pensée avance, glisse, comme la vie, inexorable.
Alors il faut continuer « en avant » car c’est notre condition humaine que de continuer… malgré tout.
LAST IROKOI © 2009