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30 mars 2008 7 30 /03 /mars /2008 16:03

 

Et bientôt l'aube arriva. Ils étaient l'un près de l'autre, nus dans la nuit nimbée de la lueur extraordinaire des braises. Elle avait posé la tête sur l'épaule de Richard et caressait sa poitrine. Il respirait le parfum de ses cheveux et écoutait avec la main la tempête assagie, endormie seulement dans le ventre de la jeune femme.

 

- Je t'aime, Geneviève, tu es...

 

- Ne dis rien, Richard, pas encore.

 

- Pourquoi ne rien... Mais, pourquoi m'as tu appelé Richard ?

 

- N'est-ce pas ton nom, Sire ?

 

- Je m'appelle Robert. Que vas-tu chercher ?

 

- Tu mens, mon amour, tu mens très mal.

 

- Que dis-tu, petite diablesse ? Embrasse-moi.

 

Elle passa au-dessus de lui, entourant le sexe de son amant dans la chaleur de son ventre. Il l'a prit dans ses bras et dans ses jambes et ils s'embrassèrent à perdre haleine.

 

- Peu importe que tu sois roi ou marchand pour l'instant.

 

- Et même si j'étais roi, qu'est-ce que ça changerait ?

 

- Tout et rien, Richard. Je suis discrète, tu sais ?

 

- Ca dépend des moments.

 

Il l’a regarda en souriant.

 

- Comment as-tu deviné ?

 

- Que tu étais roi ?

 

- Oui.

 

- Si je te le disais, tu te fâcherais.

 

- Dis-le-moi tout de même !

 

- Non, Richard ! Tu as déjà vu une femme livrer ses secrets ?

 

- On doit tout dire au roi.

- Mais rien à son amant.

 

- Tu as raison, Geneviève. Ne dis rien.

 

- Je l'ai lu dans les lignes de ta main. Tais-toi maintenant, aime-moi encore.

 

Il la fit basculer et recommença à escalader les étoiles avec elle.

 

 

 

 

 

Ils s'étaient endormis, mais leur sommeil était léger, si léger. Ils s'éveillèrent et s'embrassèrent dans le premier rayon du soleil

 

- Bonjour, Geneviève, je vous aime.

 

Il caressait, de ses lèvres, le visage de la jeune femme qui fermait les yeux, heureuse.

 

- Que tu es doux ! Aussi doux que le duvet des petites mouettes.

 

Il éclata de rire.

 

- Tu as de la chance. D'habitude, en campagne, ma barbe sent l'ail et le gros vin. On ne se lave pas souvent à la guerre.

 

Elle rit à son tour.

 

- Et c'est à la guerre, Majesté, qu'on vous a appris à faire l'amour ainsi ?

 

- Je t'aime, Geneviève. Tout à l'heure, je devrais partir. Viens avec moi.

 

- A celui que j'aime, je dirai "oui".  Mais au roi, je dois dire "non".

 

- Pourquoi ? Tu ne veux pas être reine ?

 

- Oh ! Reine ou paysanne, c'est la même chose ; mais tu ne peux pas m'emmener, Richard.

 

- Pourquoi ?

 

- Tu as déjà une maîtresse une vieille maîtresse que tu aimes plus que tout, plus que moi, et même plus que toi.

 

- Je te jure que...

 

- Ne te parjure pas... Tu as l'Angleterre, Richard, tu as le pouvoir. Tu as épousé la royauté depuis trop longtemps. Je ne serai pas de taille à lutter.  Une fois chez toi, ta vieille concubine remettra la patte sur toi. Oh ! Tu m'aimeras toujours, c'est certain, mais tu devras te partager et je n'aime pas le partage.

 

- Très bien, je renonce à la couronne. J'abdique.

 

- Tu m'en voudrais avant longtemps.

 

- Alors, quoi faire ?

 

- Rien… Conservons rien que pour nous cet instant hors du temps et pars . retrouver ta vieille maîtresse. Tu ne pourrais pas vivre sans elle. Laisse-moi à mon vieil amant.

 

- Tu aimes quelqu'un ? Qui ?

 

- Ce pays. J'aime mon pays autant que toi, ton pouvoir. Alors, tu vois ?

 

- Et si je restais là, avec toi ?

 

- Tu es déjà un peu fou, Richard, mais c'est alors que tu le deviendrais

complètement. Richard, goémonier ou pécheur à pied ! Le Lion au milieu des

mouettes ! Tu serais enragé avant la fin de l'hiver. Non, Richard, tu es roi.

Repars vivre ta vie de roi...

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