- Je t'aime, Geneviève, tu es...
- Ne dis rien, Richard, pas encore.
- Pourquoi ne rien... Mais, pourquoi m'as tu appelé Richard ?
- N'est-ce pas ton nom, Sire ?
- Je m'appelle Robert. Que vas-tu chercher ?
- Tu mens, mon amour, tu mens très mal.
- Que dis-tu, petite diablesse ? Embrasse-moi.
Elle passa au-dessus de lui, entourant le sexe de son amant dans la chaleur de son ventre. Il l'a prit dans ses bras et dans ses jambes et ils s'embrassèrent à perdre haleine.
- Peu importe que tu sois roi ou marchand pour l'instant.
- Et même si j'étais roi, qu'est-ce que ça changerait ?
- Tout et rien, Richard. Je suis discrète, tu sais ?
- Ca dépend des moments.
Il l’a regarda en souriant.
- Comment as-tu deviné ?
- Que tu étais roi ?
- Oui.
- Si je te le disais, tu te fâcherais.
- Dis-le-moi tout de même !
- Non, Richard ! Tu as déjà vu une femme livrer ses secrets ?
- On doit tout dire au roi.
- Mais rien à son amant.
- Tu as raison, Geneviève. Ne dis rien.
- Je l'ai lu dans les lignes de ta main. Tais-toi maintenant, aime-moi encore.
Il la fit basculer et recommença à escalader les étoiles avec elle.
Ils s'étaient endormis, mais leur sommeil était léger, si léger. Ils s'éveillèrent et s'embrassèrent dans le premier rayon du soleil
- Bonjour, Geneviève, je vous aime.
Il caressait, de ses lèvres, le visage de la jeune femme qui fermait les yeux, heureuse.
- Que tu es doux ! Aussi doux que le duvet des petites mouettes.
Il éclata de rire.
- Tu as de la chance. D'habitude, en campagne, ma barbe sent l'ail et le gros vin. On ne se lave pas souvent à la guerre.
Elle rit à son tour.
- Et c'est à la guerre, Majesté, qu'on vous a appris à faire l'amour ainsi ?
- Je t'aime, Geneviève. Tout à l'heure, je devrais partir. Viens avec moi.
- A celui que j'aime, je dirai "oui". Mais au roi, je dois dire "non".
- Pourquoi ? Tu ne veux pas être reine ?
- Oh ! Reine ou paysanne, c'est la même chose ; mais tu ne peux pas m'emmener, Richard.
- Pourquoi ?
- Tu as déjà une maîtresse une vieille maîtresse que tu aimes plus que tout, plus que moi, et même plus que toi.
- Je te jure que...
- Ne te parjure pas... Tu as l'Angleterre, Richard, tu as le pouvoir. Tu as épousé la royauté depuis trop longtemps. Je ne serai pas de taille à lutter. Une fois chez toi, ta vieille concubine remettra la patte sur toi. Oh ! Tu m'aimeras toujours, c'est certain, mais tu devras te partager et je n'aime pas le partage.
- Très bien, je renonce à la couronne. J'abdique.
- Tu m'en voudrais avant longtemps.
- Alors, quoi faire ?
- Rien… Conservons rien que pour nous cet instant hors du temps et pars . retrouver ta vieille maîtresse. Tu ne pourrais pas vivre sans elle. Laisse-moi à mon vieil amant.
- Tu aimes quelqu'un ? Qui ?
- Ce pays. J'aime mon pays autant que toi, ton pouvoir. Alors, tu vois ?
- Et si je restais là, avec toi ?
- Tu es déjà un peu fou, Richard, mais c'est alors que tu le deviendrais
complètement. Richard, goémonier ou pécheur à pied ! Le Lion au milieu des
mouettes ! Tu serais enragé avant la fin de l'hiver. Non, Richard, tu es roi.
Repars vivre ta vie de roi...