Mes morts, mes pauvres morts
Rien que la peau sur les os,
Peau parchemin et poudre d’os.
Mes morts, mes pauvres morts,
En quelle fosse, dans quel sombre caveau
Ou sur quel bucher glacé de flammes bleues êtes-vous ?
Entre cercueil et sarcophage…
Juste 5000 ans… même pas l’éternité
Pour vous qui, en siècles, en millénaires, comptez…
Mes morts, mes pauvres morts,
J’aime à vous penser dans un jardin,
Sur une verte pelouse, sur la rive d’un étang
Lumière d’arcs en ciel qui s’entrecroisent
Loin, la haut, ogives s’arque boutant
Aux colonnes des nuages.
Mes morts, mes pauvres morts,
Revêtus de la toge blanche
Et chaussés de sandales,
Vous marchez dans la douceur de l’aube
Ou dans le crépuscule aux ailes de cuivre.
L’air sent l’aromate et le soleil est une agate
Dont l’écrin est un nuage.
Vous marchez paisiblement
Dans ce monde en genèse
Dans ce monde qui s’éteint…
Et le silence est votre royaume.
Mes morts, mes pauvres morts,
Vous êtes muet
Vos paroles, inutiles ici, se sont tues à jamais.
Votre monde est une ile de silence
Qui dérive à l’ancre d’un univers triste et doux.
Mes morts, mes pauvres morts,
Au visage de cire,
Sages et sereins,
A qui donc pensez-vous ?
A nous, oui peut être bien à nous…
Les vivants…
Aussi tristement que nous,
Quant au détour du chemin,
Brusquement, votre image se rappelle à nous…
Quand en tournant la page d’un livre
Brusquement, un souvenir se réveille
Flamme hésitante sur la braise d’une buche
Et se rendort, sourde et calme…
Nostalgique…
LASTIROKOI ©2012